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Publié le par Gilles Lehmann

"Le maître est celui qui prend le risque de la mort à son compte. L'esclave est celui qui ne songe qu'à survivre."

     C'est en lisant la bande dessinée de Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, Long John Silver, que j'ai découvert ces mots de Gilles Lapouge, extraits sans doute des Pirates.

     Ils conservent toute leur force, appliqués à l'éducation nationale. Aujourd'hui, les maîtres d'école sont des esclaves. Aujourd'hui plus que jamais. Devant des réformes qui n'ont comme but que la destruction de l'enseignement public, les maîtres, en ne songeant plus qu'à sauver leur peau, perdent le droit de conserver leur titre.

     Ils s'agrippent aux barreaux poisseux de leur échelle de promotion, prêts à avaler toutes les couleuvres, à appliquer les mesures les plus ineptes pour grimper vers le sommet de la médiocrité bureaucratique, vers cette hors-classe qui porte bien son nom, ressemblant en cela à tous ces petits fonctionnaires tsaristes qui peuplent la littérature russe du XIXe siècle.

     Survivre en encaissant des primes (évaluations), survivre en gagnant des demi-journées de temps libre (semaine de quatre jours), survivre en fichant les enfants (base élèves), survivre en rampant, survivre en dénonçant, survivre en mentant.

     Et tout cela sans états d'âme ? Un peu au début sans doute. Puis plus rien, par la grâce d'un mécanisme psychologique qui efface la honte, comme la brosse du tableau efface les mots. Pour éviter de se poser des questions qui renvoient à la responsabilité du maître, chacun se persuade aisément que les réformes et les pratiques qui s'imposent par la force ne sont pas si mauvaises. En se les appropriant, en les habillant de bonnes intentions, en les pétrissant d'humanité, le défunt maître ne fait qu'étouffer ses contradictions, esclave qui ne songe qu'à survivre.
 
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F
<br /> bonjour.voila les coordonnées de mon site,sans prétentions...<br /> "on se bat pour ce qui nous manque"disait,parait-il,Surcouf... tchao<br /> <br /> <br />
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F
<br /> bonjour.En plus de lire Gilles Lapouge,nous avons en commun ce style d'extreme contenance dans nos écrits.A deux doigts d'avoir envie d'exploser dans le vulgaire tant la bétise et la lacheté nous<br /> oppressent comme une fatalité.Courage frangin,t'es pas seul.resistance2010<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Au plaisir de vous lire alors. Un lien peut-être ?<br /> <br /> <br />